Process mining : l'automatisation est de moins en moins une option
Le dernier Magic Quadrant du process mining illustre une tendance croissante à l'inclusion de ces solutions dans des offres d'automatisation.

Attention : cette solution ne prend pas en charge le modèle OCPM.
Pour la première fois dans le Magic Quadrant du process mining, des fournisseurs ont droit à cette remarque. Y compris des "leaders". En l'occurrence, Pegasystems, SAP Signavio et UiPath.
Au moment des relevés de Gartner, aucun des trois n'avait mis en oeuvre cette approche axée, au-delà des instances de processus, sur les objets qu'elles impliquent (OCPM signifie object-centric process mining).
Trois entrants, cinq sortants
L'an dernier, le cabinet américain avait mis l'accent sur la capacité de réponse à quatre "cas d'usage clés" :
- Découverte d'opportunités d'automatisation
- Amélioration des processus
- Validation de leur conformité
- "Business mining", ou comment connecter activités et stratégies sous le prisme des parcours utilisateur, du cycle de vie des produits, des interactions entre systèmes, etc.
Cette approche n'a pas disparu, mais elle passée en filigrane : l'évaluation s'est - sur le papier, en tout cas - recentrée sur un cahier des charges fonctionnel. Avec, dans les grandes lignes, une dizaine de critères à remplir. Dont la fourniture de briques d'orchestration et d'exécution de processus, de task mining... et de GenAI, tant pour favoriser la découverte de processus que leur adaptation et leur explicabilité.
L'évaluation centrée sur des cas usage avait, dans une certaine mesure, redessiné le Magic Quadrant. En tout cas dans le carré des "acteurs de niche". Cinq fournisseurs y avaient fait leur entrée : Cyclone Robotics, mindzie, Proxverse, Skan et UpFlux.
Avec la remise en avant du "cahier des charges", seul Proxverse garde sa place. Pas Skan, faute de respecter les critères techniques. Même chose pour Cyclone Robotics et Upflux, qui ne satisfont pas non plus aux exigences business (comme mindzie) :
- Avoir réalisé, en 2023, un CA d'au moins 7 M$ sur la vente de licences OU BIEN 3,5 M$ et au moins 40 % de croissance annuelle OU BIEN 3,5 M$ et au moins 15 nouveaux clients (logos)
- Avoir eu, sur les 12 derniers mois, des clients "actifs" sur au moins deux plaques géographiques entre EMEA, Asie-Pacifique, Amérique du Nord et Amérique latine
- Atteindre un CII (customer interest index) d'au moins 50/100
Gartner calcule ce score à partir d'éléments tels que le volume de demandes reçues au sujet des fournisseurs, leur volume d'abonnés sur les réseaux sociaux, les tendances de recherche sur Internet et l'analyse du trafic web.
Dix fournisseurs non classés bénéficient d'une "mention honorable", dont mindzie et UpFlux.
ABBYY, Appian et Microsoft, ex-"leaders"
Dans le Magic Quadrant, l'axe dit "exécution" traduit la capacité à répondre effectivement à la demande (expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services...). Les fournisseurs s'y positionnent ainsi :
Rang | Fournisseur | Évolution annuelle |
1 | Celonis | = |
2 | SAP Signavio | + 1 |
3 | Apromore | + 3 |
4 | ARIS (Software GmbH) | - 2 |
5 | Microsoft | = |
6 | IBM | + 1 |
7 | UiPath | - 3 |
8 | Appian | = |
9 | Pegasystems | + 3 |
10 | ServiceNow | nouvel entrant |
11 | MEHRWERK | - 1 |
12 | ABBYY | - 3 |
13 | QPR Software | - 2 |
14 | iGrafx | nouvel entrant |
15 | Proxverse | + 3 |
16 | Decisions | nouvel entrant |
Sur l'axe "vision", reflétant les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit...), la situation est la suivante :
Rang | Fournisseur | Évolution annuelle |
1 | Celonis | = |
2 | SAP Signavio | = |
3 | Apromore | + 2 |
4 | ARIS (Software GmbH) | - 1 |
5 | Pegasystems | + 6 |
6 | IBM | + 6 |
7 | QPR Software | + 1 |
8 | MEHRWERK | - 4 |
9 | UiPath | + 1 |
10 | Appian | - 1 |
11 | Microsoft | - 5 |
12 | ABBYY | - 5 |
13 | ServiceNow | nouvel entrant |
14 | iGrafx | nouvel entrant |
15 | Proxverse | + 1 |
16 | Decisions | nouvel entrant |
"Leaders" en 2024, ABBYY, Appian et Microsoft ne le sont plus cette année. En conséquence d'un recul sur l'axe "vision", tous rétrogradent chez les "challengers"... où ils côtoient un nouvel entrant dans le Magic Quadrant du process mining : ServiceNow.
Des produits difficiles à prendre en main
Outre l'absence de prise en charge d'OCPM, un point de vigilance revient chez plusieurs "leaders" : l'expérience client. Plus précisément :
- ARIS : grosse courbe d'apprentissage, insuffisance des ressources de formation et besoin de temps pour produire de la valeur
- Celonis : même chose sur la courbe d'apprentissage, et marge de progression sur le service desk
- IBM : idem sur la courbe d'apprentissage et les ressources de formation ; onboarding complexe, a fortiori pour les utilisateurs non techniques
- MEHRWERK : améliorations possibles sur la documentation et la formation ; limites de la plate-forme Qlik (dataviz) impactant certains projets de process mining
Autre point commun à plusieurs "leaders" : un focus sur l'automatisation, susceptible de ne pas convenir à qui recherche du process mining généraliste et/ou autonome. Gartner pointe cet aspect chez IBM, Pegasystems et UiPath. Quant à ARIS, il a tendance à associer son offre à de la GRC (gouvernance, gestion des risques et conformité).
IBM et UiPath ont également droit à une remarque sur leur pricing. Chez le premier, il est complexe (notamment sur la version on-prem). Idem chez le second, en plus d'être élevé pour les organisations du mid-market. Quant à Celonis, il utilise des métriques "changeantes", en plus d'un manque de clarté sur les mécanismes de mise à l'échelle et de la fourniture d'un grand nombre de fonctionnalités sous forme de modules complémentaires.
Celonis et SAP Signavio gardent une longueur d'avance
Celonis a en revanche pour lui "un des plus gros réseaux de partenaires"... et une part de marché sans égale, estimée à environ 50 %. Gartner apprécie plus globalement la trajectoire de développement de son offre, aussi bien actuelle (tableaux de bord de démarrage, assistant Process Copilot...) que future (intégration du moteur d'orchestration, développement du partage de données en temps réel...).
SAP Signavio se distingue aussi sur sa vision, entre observabilité, modèles agentiques et jumeaux numériques. Bon point également pour sa stratégie sectorielle. Et pour sa capacité à embarquer la base de clientèle de l'ERP.
Revers de la médaille, la stratégie commerciale se focalise nettement sur les use cases au sein de l'écosystème SAP. Gartner note par ailleurs une confusion entre les offres Process Intelligence (plate-forme générique de process mining) et Process Insights (solution d'analyse de processus pour SAP, construite sur la Business Technology Platform de l'éditeur allemand). Avoir une seule plate-forme bénéficierait aux clients, estime-t-il en tout cas.
Apromore et le "prêt à l'emploi"
"Leader" comme en 2024, Apromore est bien noté sur le volet expérience client. En particulier avec son environnement de supervision et de simulation sans code. Gartner salue en outre ses assets "prêts à l'emploi" (tableaux de bord, filtres, pipelines, connecteurs). Ainsi que l'amélioration du coeur fonctionnel de découverte de processus (visualisations améliorées), parallèlement aux investissements dans la GenAI (Apromore Copilot).
Apromore a cependant une marge de progression sur l'UI et la personnalisation de ses dashboards. De même, il dépend encore largement de partenaires pour le déploiement et le support, notamment en EMEA et en Amérique latine. Attention enfin à l'absence d'une option de déploiement sur site, même s'il est possible d'opter pour du cloud privé.
Une intégration flexible du task mining chez ARIS
ARIS se distingue par la flexibilité qu'il apporte en matière de task mining, à travers deux options OEM, fondées respectivement sur la capture d'événements et les screenshots. L'éditeur démontre par ailleurs une capacité à exploiter sa base de clientèle acquise sur le segment "traditionnel" de l'analyse de processus et sa position sur les cas d'usage GRC. Gartner y ajoute une communication efficace en ce qu'elle cible des organisations à divers stades de maturité.
On prendra toutefois garde à l'évolution de la stratégie et des ressources après la séparation de Software AG, dont ARIS est issu. L'opération est récente (janvier 2025).
Lire aussi : RPA : vigilance sur la structuration des offres ?
IBM salué pour sa stratégie sectorielle
Au-delà des points de vigilance sus-évoqués, IBM a pour lui la conformité OCPM et ce que son offre comporte en matière de simulation de processus comme de recommandations. Bon point également sur la stratégie sectorielle, y compris son activation par l'intermédiaire des intégrateurs.
MEHRWERK distingué pour la modularité de son offre
Les capacités d'orchestration et d'exécution de processus valent un bon point à MEHRWERK. Au même titre que son approche modulaire favorisant l'intégration avec l'existant. Gartner salue aussi la composante d'analyse prédictive avec OCPM.
Son appréciation n'est pas aussi favorable à propos de la présence géographique, "limitée hors de l'Allemagne" (dépendance à des partenaires). Gartner précise que l'éditeur, encore en développement, n'a pas pu lui communiquer d'infos financières et de roadmap détaillées.
La cadence de livraison de Pegasystems...
En parallèle de son focus sur l'automatisation et de l'absence de prise en charge d'OCPM, Pegasystems ne propose pas de déploiement sur site.
Il se distingue plus positivement par son réseau de partenaires, sa dacende de livraison de fonctionnalités (plate-forme mise à jour toutes les 9 semaines) et sa vision "plus exhaustive" du process mining que chez les concurrents positionnés sur les segments adjacents du BPA et de la RPA.
... et de UiPath
Pas salué pour son pricing comme pour son focus automatisation, UiPath se différencie par sa présence globale et sa capacité à cibler un grand éventail de secteurs, y compris en support de clients de son offre RPA. Gartner apprécie aussi sa cadence de release et ses canaux de recueil du feedback. Il y ajoute la couche AIOps, capable d'exploiter de la GenAI maison ou des LLM tiers.
Illustration © Quardia Inc. - Adobe Stock
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